ESG dans les PME belges : un effort qui portera ses fruits

L’introduction de la directive européenne sur la publication d’informations en matière de durabilité des entreprises (CSRD) renforce les exigences en matière de rapports ESG pour un grand nombre d’entreprises. Cette directive exige de certaines  entreprises européennes qu’elles identifient tous les critères ESG pertinents et qu’elles en rendent compte publiquement, de manière transparente et détaillée.

Le champ d’application du CSRD sera introduit progressivement entre 2025 et 2028. Dans un premier temps, il s’appliquera aux sociétés cotées ainsi qu’aux institutions financières de plus de 500 employés. Elles devront d’abord présenter un rapport en 2025 pour l’exercice 2024. Les grandes entreprises et les PME cotées en bourse suivront.

Les PME non cotées ne sont donc  actuellement pas tenues de se conformer à la directive CSRD, mais il est préférable qu’elles en tiennent compte dans leurs activités commerciales. En effet, les entreprises soumises au CSRD sont tenues d’identifier l’impact ESG de l’ensemble de leur chaîne de valeur. Par conséquent, pour rendre compte correctement de leurs propres performances en matière de développement durable, ces entreprises dépendent souvent des informations qu’elles reçoivent de leurs fournisseurs PME, de leurs clients PME ou d’autres relations d’affaires. Si, en théorie, les règles ESG plus strictes ne s’appliquent qu’aux très grandes entreprises, dans la pratique, cela signifie que les PME sous-jacentes sont également tenues de rendre compte de leurs pratiques ESG.

Exemples de questions qu’une PME peut recevoir d’une entreprise soumise à la directive CSRD :

• Détaillez les émissions de CO² de votre entreprise.
• Demontrez que votre fournisseur ne fait pas travailler d’enfants en Chine.
• Démontrez l’engagement de votre PME en faveur de l’égalité et de l’inclusion.
• Donnez un aperçu des efforts fournis en matière de gestion des déchets.
• Demontrez que votre PME a pris toutes les mesures nécessaires pour contenir les riques environnementaux.

Les normes de reporting ou “ESRS” (European Sustainability Reporting Standards, normes européennes de reporting sur le développement durable) définiront précisément la manière dont les entreprises doivent rendre  compte conformément au CSRD. Pour les entreprises qui ne sont pas encore soumises au CSRD, il existera des normes de reporting adaptées et volontaires. Cela devrait aider les PME à mieux gérer le flux de questions complexes et fastidieuses que leur posent les grandes entreprises.

Pour établir un rapport ESG, de nombreux types de données doivent être collectés et analysés en profondeur au sein de votre PME. En tant que PME, vous devez à votre tour obtenir l’adhésion de toutes vos parties prenantes, y compris les employés, les clients et les fournisseurs, afin d’élaborer le rapport. La transparence du processus, y compris sur les points où l’entreprise obtient actuellement des résultats négatifs, a souvent un effet dissuasif. En outre, il s’agit d’un processus coûteux, en temps et en argent.

Toutefois, l’identification des risques et des points faibles peut également avoir un effet positif et permettre de réaliser des économies : les méthodes de travail peuvent être ajustés plus efficacement et les lacunes opérationnelles réduites, la consommation d’énergie optimisée, les atteintes à la réputation évitées, etc.

En outre, en se présentant comme “durables”, les PME peuvent acquérir un avantage concurrentiel et créer de nouvelles opportunités commerciales. En tant que fournisseur (potentiel) d’une entreprise conforme à la directive CSRD, vous pouvez avoir un avantage si vous avez déjà adopté un processus de reporting ou si vous disposez d’une charte de durabilité. Pour attirer de nouveaux talents ou de nouveaux clients, cela peut également jouer un rôle en tant que critère de différenciation. En outre, cela offre également des avantages pour l’accès au financement. Les investisseurs et les banques demanderont de plus en plus souvent des rapports ESG avant d’investir ou offriront des taux plus favorables. Il en va de même pour l’obtention de subventions.

Nous constatons que de nombreuses entreprises prennent déjà des mesures volontaires sur les questions ESG. Un changement est perceptible, qui n’est pas seulement motivé par les (futures) obligations légales.  Toutefois, l’intégration des critères ESG dans la stratégie de l’entreprise et la mise en place de procédures de reporting constituent une avancée significative. Il est important de commencer par des initiatives adaptées à votre entreprise, où une approche proactive l’emporte sur une approche réactive.

Par exemple, inscrivez les critères ESG à l’ordre du jour de la réunion de votre conseil d’administration ou de votre conseil consultatif (semestriel), avant même que le débat sur le développement durable ne passe à d’autres niveaux, comme l’assemblée générale, ou à l’extérieur. Faites-vous conseiller par des personnes externes ayant de l’expérience ou de l’expertise dans ce domaine :

• Qu’est-ce que “l’éthique” dans le domaine des affaires ?
• Quels sont les facteurs qui influencent la satisfaction de vos clients ?
• Certains fournisseurs ne partagent-ils pas les mêmes normes et valeurs que votre entreprise ?
• Comment minimiser l’impact des activités de votre entreprise sur le voisinage ?

Sur la base d’une première analyse , vous pouvez vous concentrer sur un certain nombre d’objectifs et de points d’action afin d’améliorer les performances en matière de développement durable, et sur lesquels vous établirez ensuite un rapport.

Définissez ces initiatives et communiquez-les régulièrement, tant en interne à vos employés qu’en externe à vos clients, fournisseurs, voisinage et autres parties prenantes.

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